La dernière grande exposition française consacrée à l’ardent francophile que fut Francis Bacon eut lieu en 1996, au Centre Pompidou. Plus de vingt ans après, « Bacon en toutes lettres » réunit des peintures allant de celles produites en 1971 – année de la légendaire rétrospective que lui offrit le Grand Palais – à ses dernières œuvres, datées de 1991 ; Didier Ottinger a assuré le commissariat de cette exposition, qui explore de façon inédite l’influence de la littérature sur la peinture de Bacon.
Six salles, ponctuant le parcours du visiteur, placent la littérature au cœur de l’exposition. Y sont lus des extraits de textes puisés dans la bibliothèque de Francis Bacon. L’exposition s’attache aux œuvres réalisées durant les deux dernières décennies de sa carrière. Elle comporte soixante tableaux (dont douze triptyques, ainsi qu’une série de portraits et d’autoportraits), issus des plus importantes collections privées et publiques. De 1971 à 1992, date du décès de l’artiste, sa peinture est stylistiquement marquée par une simplification, une intensification. Ses couleurs acquièrent une profondeur nouvelle, il use d’un registre chromatique inédit, fait de jaune, de rose, d’orange saturé.
L’année 1971 constitue pour Bacon une date charnière. L’exposition du Grand Palais le consacre internationalement. La mort tragique de son compagnon, George Dyer, deux jours avant le vernissage, ouvre une période marquée par la culpabilité, qui prend la forme symbolique et mythologique des Érinyes (ou Furies), appelées à proliférer dans sa peinture. Les trois triptyques dit « noirs », peints en souvenir de son ami défunt (À la mémoire de George Dyer, de 1971, Triptyque août 1972 et Triptyque mai-juin 1973, tous présentés dans l’exposition), commémorent cette disparition.