Le Francophile

Bacon considérait les Français comme les juges ultimes dans tous les domaines qui l’intéressaient. À ce titre, il a souvent admis que l’avis des Français sur son travail était celui qui prévalait sur tous les autres. C’est à Paris que ce francophone et ardent francophile a incontestablement été le mieux reçu et le plus unanimement célébré.

De tous les pays que je connais, la France est très certainement mon préféré.
Francis Bacon

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1977Galerie Claude Bernard, Paris 1984 - 1987Galerie Maeght-Lelong & Galerie Lelong,Paris 1927Inspiré par Picasso à Paris 1929 - 1992Le « quartier français » de Londres 1929 - 1933L’influence du design français 1940 -1990Monaco De 1956 auxannées 1980 Voyages àTanger 1957Galerie Rive Droite, Paris 1966Galerie Maeght, Paris 1971Grand Palais, Paris 1974 - 1987Son pied-à-terre à Paris 1976Musée CantiniMarseille
Si les Français apprécient mon travail, alors j’aurai le sentiment d’avoir, d’une certaine façon, réussi.
Francis Bacon

1976

Musée Cantini, Marseille

L’attirance de Bacon pour la ville portuaire, avec son importante population nord-africaine, remonte à l’époque de ses premiers voyages dans le sud de la France et à Monaco. Il trouve à Marseille une ambiance qui lui rappelle celle de Tanger.

Quelques années après le succès de sa rétrospective au Grand Palais, l’artiste présente sa première exposition en province au musée Cantini à partir du 9 juillet 1976. L’exposition est organisée par Marielle Latour, sous le haut patronage de Gaston Defferre, maire de la ville.

Vernissage de l’exposition Francis Bacon au musée Cantini à Marseille (9 juillet 1976)
© Archives du musée Cantini de Marseille, cliché reprographie municipale

1974 - 1987

Son pied-à-terre à Paris

Après le succès de sa rétrospective au Grand Palais en 1971, l’artiste commence à séjourner davantage dans la capitale française. En 1974, il prend un atelier-appartement au 14 rue de Birague dans le quartier historique du Marais. Il y emménage en 1975. Il resserre ses liens d’amitié avec Michel Leiris et Jacques Dupin. Il rencontre également en 1975 l’historien de l’art Eddy Batache et le consultant artistique Reinhard Hassert, qui vont devenir deux de ses plus proches amis et confidents jusqu’à sa mort. À partir des années 1970, Bacon est considéré comme une légende vivante dans la capitale et dans la presse parisienne.

Bacon quitte son pied-à-terre parisien en 1987, mais continue de se rendre régulièrement dans la « Ville Lumière » jusqu’à la fin de sa vie.

Bacon dans son atelier rue de Birague (1979)
Photo et © Edward Quinn
MB Art Collection

1971

Grand Palais, Paris

Le 27 octobre 1971, Bacon a l’immense privilège de se voir offrir une rétrospective au Grand Palais à Paris, inaugurée la veille en présence du ministre français de la Culture, des dirigeants des principales institutions culturelles, de personnalités de renom ainsi que d’amis proches de l’artiste. Bacon est alors l’un des rares artistes vivants, avec Picasso en 1966, à recevoir un tel honneur.

Francophone et ardent francophile, Bacon retirera de cette exposition l’une de ses plus grandes satisfactions. Cette rétrospective est un triomphe, bien que marquée par la mort tragique de son compagnon George Dyer, à l’Hôtel des Saints Pères, trois jours avant l’ouverture de l’exposition au public.

Valerie Beston et Francis Bacon devant le Grand Palais (26 octobre 1971)
Photo et © André Morain
MB Art Collection

1966

Galerie Maeght, Paris

À partir du 15 novembre 1966, la Galerie Maeght à Paris propose une exposition Bacon. L’événement est un succès et l’artiste obtient une reconnaissance indéniable du milieu artistique parisien. La même année, la galerie publie un numéro de la revue Derrière le miroir consacré à Bacon et préfacé par Michel Leiris.

Le triptyque de Bacon, Trois personnages dans une pièce (1964) est présenté lors de l’exposition et sera acquis par l’État français en 1968.

 

1957

Galerie Rive Droite, Paris

Le 12 février 1957, Jean Larcade et Erica Brausen inaugurent la première exposition personnelle de Bacon en France à la Galerie Rive Droite, où sont présentés vingt et un de ses tableaux.

Roland Penrose, peintre surréaliste anglais, poète, co-fondateur de l’Institute of Contemporary Arts de Londres et grand ami de Picasso, rédige l’introduction du catalogue d’exposition. Un essai de David Sylvester, l’une des meilleures plumes de la critique d’art britannique de l’époque, figure également dans cette publication.

Exposition Francis Bacon à la Galerie Rive Droite à Paris (février-mars 1957)
© Galerie Rive Droite
MB Art Collection

De 1956 aux années 1980

Voyages à Tanger

Durant cette période, Bacon effectue de fréquents voyages à Tanger pour rendre visite à son amant Peter Lacy.

À cette époque, la présence française et son influence sont prépondérantes dans cette partie de l’Afrique du Nord. Tanger offre les avantages d’une zone franche internationale, ce qui attire fortement les artistes, les écrivains, les acteurs hollywoodiens, les spéculateurs ainsi que les trafiquants en tout genre.

Bacon trouve à Tanger une ville aux mœurs sexuelles libérées, ce qui n’est pas sans lui rappeler ses séjours à Berlin et à Paris lorsqu’il était encore adolescent. Le bar favori de l’artiste à Tanger est le Dean’s Bar, où Lacy travaille comme pianiste. Le lieu attire aussi bien l’élite que la pègre.

Bacon continue de se rendre à Tanger à plusieurs reprises avec ses amis et ses amants jusque dans les années 1980.

Bacon et Joseph Dean devant le Dean’s Bar (1957)
Photo : Fred G. Mossman
© Marlborough Fine Art
MB Art Collection

1940 - 1990

Monaco

Bacon semble s’être rendu pour la première fois sur la Côte d’Azur et à Monaco à l’aube des années 1940, comme l’atteste une lettre datée du 3 juin 1940, envoyée à l’artiste à Monaco par sa cousine Diana Watson, l’informant du décès de son père.

En 1946, Bacon s’installe à Monaco aussitôt après avoir vendu Peinture 1946. La Principauté devient alors sa résidence principale du 5 juillet 1946 jusqu’au début des années 1950. Joueur notoire, Bacon succombe rapidement à une passion obsessionnelle pour le Casino Belle Époque de Monte-Carlo, où il passe des journées entières autour du tapis vert. Dans ses différentes correspondances, Bacon mentionne souvent le travail qu’il parvient à accomplir à Monaco, malgré les nombreuses distractions qui s’offrent à lui.

L’artiste est séduit par l’atmosphère et le style de vie de Monaco ; il apprécie par ailleurs les paysages méditerranéens et les bienfaits de l’air marin pour son asthme. Bon vivant, il se délecte du meilleur de la cuisine et des vins français.

Toute sa vie, Bacon ne cessera de se rendre de façon régulière dans le sud de la France et à Monaco.

Carte postale de Monaco envoyée par Bacon à Denis Wirth-Miller en 1963.
MB Art Collection

1929 - 1933

L’influence du design français

Bacon réside et travaille au 17 Queensberry Mews West, South Kensington, en 1930 et 1931. Durant cette période, il réalise ses premiers tableaux et exerce le métier de créateur de meubles en métal, en verre et en bois, de tapis, de miroirs et de luminaires. En novembre 1930, Bacon organise au 17 Queensberry Mews West une exposition de ses peintures et tapis aux côtés d’œuvres de Roy de Maistre et de Jean Shepeard. Son expérience en tant que créateur de mobilier est fortement inspirée par le milieu parisien. Il déclarera plus tard que ses premières créations étaient marquées par le travail des modernistes français tels que Le Corbusier ou Charlotte Perriand.

Détail de l’article « Le style 1930 dans la décoration britannique » publié dans le magazine The Studio illustrant le travail de Bacon dans son atelier du 17 Queensberry Mews West.

1929 - 1992

Le « quartier français » de Londres

Au printemps 1929, Bacon rentre à Londres et s’installe à partir de janvier 1930 au 17 Queensberry Mews West, dans le quartier de South Kensington. Cet ancien garage reconverti devient son atelier et son lieu de vie jusqu’en 1931. Il s’y établit durant cette période comme créateur de mobilier et de tapis.

De fin 1929 jusqu’à sa mort, l’artiste vit principalement dans ce quartier de South Kensington, plus connu sous le nom de « quartier français ».

Dans les années 1930, la présence du Consulat de France, du Lycée français et de l’Institut français attire les expatriés dans ce quartier qui devient rapidement un petit coin de France, loin de la métropole. Bacon se sent chez lui dans cette enclave, avec ses cafés, ses boulangeries, ses restaurants, ses cinémas et ses librairies.

Son atelier-appartement du 7 Reece Mews, où il vit de 1961 à la fin de ses jours, se trouve à deux pas de l’Institut français et du Lycée français Charles de Gaulle.

7 Reece Mews. Photo : Perry Ogden
MB Art Collection

1927

Inspiré par Picasso à Paris

Bacon séjourne à Paris au printemps 1927 lorsqu’il rencontre Yvonne Bocquentin qui le prend sous son aile et lui offre une chambre dans sa maison près de Chantilly. Elle lui enseigne le français et l’introduit dans le milieu artistique parisien. Lors d’une exposition à la Galerie Paul Rosenberg, Bacon découvre le travail de Picasso, qui joue le rôle de « catalyseur » de sa vocation de peintre.

À l’automne 1927, il séjourne à l’hôtel Delambre à Montparnasse. À cette époque-là, ce quartier attire écrivains et artistes du monde entier. Bacon est également séduit par l’ambiance du quartier de Pigalle, où les gens agissent sans retenue. À Paris, il se procure un certain nombre de revues françaises, telles que Cahiers d’Art et la célèbre revue de Georges Bataille, Documents, qui suscitent immédiatement son intérêt. Il acquiert également l’ouvrage médical de Ludwig Grünwald, l’Atlas-manuel des maladies de la bouche, du pharynx et des fosses nasales, publié en 1903, qui contient des illustrations, peintes à la main, des pathologies de la bouche.

Son expérience parisienne – entre stimulation intellectuelle, liberté sexuelle et savoir-vivre – va marquer profondément le jeune Bacon qui rentrera à Londres à la fin du printemps de l’année 1929.

Escaliers de la galerie Rosenberg en 1927 (photographe inconnu)

1984 - 1987

Galerie Maeght-Lelong et Galerie Lelong, Paris

Après sa première exposition à la Galerie Maeght-Lelong en janvier 1984, Bacon expose à nouveau ses œuvres à Paris, en septembre 1987, à la Galerie Lelong. Jacques Dupin, que Bacon admire comme poète, critique d’art et directeur de galerie, préface le catalogue de l’exposition. Un entretien avec David Sylvester vient également compléter la publication.

Les médias français parlent alors du « mythe » Bacon et le journal Le Monde publie un article sur l’exposition en première page.

Francis Bacon à la Galerie Maeght-Lelong
à Paris (1984)
Photo et © Michel Nguyen
MB Art Collection

1977

Galerie Claude Bernard, Paris

À partir du 19 janvier 1977, la Galerie Claude Bernard à Paris présente vingt peintures récentes de Bacon. Michel Leiris rédige pour l’occasion la préface du catalogue d’exposition. Cette exposition, aujourd’hui légendaire, attire une foule si dense que la police est contrainte de boucler la rue des Beaux-Arts afin de canaliser les visiteurs.

Bacon affirmera plus tard que cet accrochage, organisé dans cette galerie de petite taille, fut l’un de ses préférés car, selon lui, les petits espaces contribuaient à rendre ses peintures plus intenses.

Francis Bacon, rue des Beaux-Arts à Paris (1977)
Photo et © John Minihan
MB Art Collection

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Une compilation de photographies de Bacon en France provenant de la MB Art Collection